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Angélique Ionatos : reste la lumière de sa voix

Angélique Ionatos a rejoint les étoiles ce 7 juillet 2021. Une affreuse maladie a emporté, bien trop tôt, celle qui, sur son premier disque enregistré en 1979 consacré à des poètes grecs, avait proposé une création personnelle intitulée « Ime i zoï » (Je suis la vie).

« Lettres en Voix » lui avait dédié le concert-récital de la Journée internationale de la lumière le 16 mai 2019, Reste la lumière (https://www.lettresenvoix.org/journee-internationale-de-la-lumier-1)

Pour Angélique Ionatos, la poésie et la musique étaient indissociables. Elle disait qu’il n’y avait pas un jour où un poème ne l’accompagnait pas mentalement, et que toutes ses compositions musicales s’ancraient dans des textes inspirateurs. Grâce à elle, les grands poètes grecs anciens, telle Sappho de Mytilène, et plus récents tels Anagnostakis, Elytis, Karyotakis, Kavafy, Mortayas, Palamás, ont été éclairés dans toute la force de leur actualité, et rendus accessibles en langue française dans ses traductions, d’une profonde sensibilité. Sa voix grave, chaleureuse et sensuelle, pouvait incarner les déchirures du tragique autant que les effusions d’amour et de joie.

La carrière artistique d’Angélique Ionatos est un exemple de courage, d’audace et de fidélité inconditionnelle à soi. Musicienne singulière et magnifique, elle nous offrait un chant d’une émotion et d’une beauté incomparables, et une présence scénique à la fois royale et généreuse. La scène était pour elle le lieu d’épanouissement de son art ; elle disait s’y sentir « dans la seule présence, hors du temps ». Reste pour nous, par chance, la lumière de sa voix.


Courage

Poème d’Odysseus Elytis extrait du recueil O Helios o heliatoras

Traduit par Angélique Ionatos (CD Reste la lumière, IDA104, 2015)


Courage mes colombes, mes anémones,

Mes belles compagnes esseulées


Là où les ténèbres tissent et se tapissent

Devenez petits soleils qui se hissent


Parfois la ruelle sombre amène une place fleurie

Parfois même le malheur s’ouvre sur l’embellie


Et c’est dans la désolation et dans le noir

Qu’embaume et s’enracine la mémoire


Prenez une parole d’or, un désir ardent

Prenez un petit luth, prenez un baglama


Que monte le chagrin commence la chanson

Et que la tête emporte la fête et la raison


Racine amère racine et source secrète

Donne-nous la fierté emporte la colère


Et fais-nous oublier les injustices de ce monde.



© Yan Orhan

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